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27 février 2013 3 27 /02 /février /2013 16:09

Conférence "Tous comptes faits... ou presque", tenue le 29 Mars 2012 à l'Université de Nantes :


 

 

Quelques-unes de ses citations :


"Comment conclure cet appel à s’indigner ? En rappelant encore que, à l’occasion du soixantième anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance, nous disions le 8 mars 2004, nous vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France libre (1940-1945), que certes « le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et sœurs de la Résistance et des Nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n’a pas totalement disparu et notre colère contre l’injustice est toujours intacte »."


"Non, cette menace n’a pas totalement disparu. Aussi, appelons-nous toujours à « une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous » A ceux et celles qui feront le XXI ème siècle, nous disons avec notre affection : CRÉER, C'EST RÉSISTER. RÉSISTER C'EST CRÉER."

 

"Le motif de base de la Résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la Résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie."

 

"Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous, d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux. Quand quelque chose vous indigne comme j'ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé. On rejoint ce courant de l'histoire et le grand courant de l'histoire doit se poursuivre grâce à chacun. Et ce courant va vers plus de justice, plus de liberté mais pas cette liberté incontrôlée du renard dans le poulailler."

 

"On nous dit que l'État ne peut plus assurer les coûts de ces mesures citoyennes. Mais comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l'Europe était ruinée? Sinon parce que le pouvoir de l'argent, tellement combattu par la Résistance, n'a jamais été aussi grand, insolent, égoïste, avec ses propres serviteurs jusque dans les plus hautes sphères de l'État. Les banques désormais privatisées se montrent d'abord soucieuses de leurs dividendes, et des très hauts salaires de leurs dirigeants, pas de l'intérêt général. L'écart entre les plus pauvres et les plus riches n'a jamais été aussi important; et la course à l'argent, la compétition, autant encouragée."

 

"Il nous appartient de veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers : pas cette société des sans-papiers, des expulsions, des soupçons à l’égard des immigrés, pas cette société où l’on remet en cause les retraites, les acquis de la Sécurité sociale, pas cette société où les médias sont entre les mains des nantis, toutes choses que nous aurions refusé de cautionner, si nous avions été les véritables héritiers du Conseil National de la Résistance."

 

"Je suis convaincu que l'avenir appartient à la non-violence, à la conciliation des cultures différentes. C'est par cette voie que l'humanité devra franchir sa prochaine étape."

 

"Hélas, l'histoire donne peu d'exemples de peuples qui tirent les leçons de leur propre histoire."

 

"Le message d'un Mandela, d'un Martin Luter king trouve toute sa pertinence dans un monde qui a dépassé la confrontation des idéologies et le totalitarisme conquérant. C'est un message d'espoir dans la capacité des sociétés modernes à dépasser les conflits par une compréhension mutuelle et une patience vigilante. Pour y parvenir, il faut se fonder sur les droits, dont la violation, quel qu'en soit l'auteur, doit provoquer notre indignation. Il n'y a pas à transiger sur ces droits."

 

"Dans la notion d’exaspération, il faut comprendre la violence comme une regrettable conclusion de situations inacceptables pour ceux qui les subissent. Alors, on peut se dire que le terrorisme est une forme d’exaspération. Et que cette exaspération est un terme négatif. Il ne faut pas ex-aspérer, il faudrait es-pérer. L’exaspération est un déni de l’espoir."

 

"Plus globalement, notre enrichissement doit être essentiellement culturel, spirituel, éthique, plutôt qu'un enrichissement purement quantitatif qui se traduit par un accroissement de quantité d'énergie utilisée, ou de produits financiers mis sur le marché. Il faut rompre avec cette pensée productiviste, motivée par le "toujours plus"."

 

"Je pense que le scandale majeur est économique; c'est celui des inégalités sociales, de la juxtaposition de l'extrême richesse et de l'extrême pauvreté sur une planète interconnectée. [...] Mais résister à ce type d'injustice est beaucoup plus complexe que résister à l'occupation allemande. A l'époque, on rejoignait un groupe de Résistants, on faisait sauter un train... C'était relativement simple ! Aujourd'hui, c'est en réfléchissant, en écrivant, en participant démocratiquement à l'élection des gouvernants que l'on peut espérer faire évoluer intelligemment les choses."

 

"Refuser le diktat du profit et de l'argent, s'indigner contre la coexistence d'une extrême pauvreté et d'une richesse arrogante, refuser les féodalités économiques, réaffirmer le besoin d'une pression vraiment indépendante, assurer la sécurité sociale sous toutes ses formes... nombre de ces valeurs et acquis que nous défendions hier sont aujourd'hui en difficulté ou même en danger. (...) Résister, c'est considérer qu'il y a des choses scandaleuses autour de nous et qui doivent être combattues avec vigueur. C'est refuser de se laisser aller à une situation qu'on pourrait accepter comme malheureusement définitive."

 

"Là, nous rencontrons un autre problème, à mon avis au coeur de tout ce que nous pouvons dire, vous et moi : c'est de savoir quelle confiance on peut avoir dans l'efficacité de l'engagement civique. Il est évidemment plus facile de considérer que ce n'est pas de ma responsabilité - que je n'aime pas ceux qui portent actuellement la politique et que je les considère comme n'étant pas de bonne foi - et dès lors me consacrer à mes préoccupations privées... Je crois que cette tendance existe dans toutes les sociétés. Du temps de vichy, cela existait dans une majorité de la société française. On retrouve aujourd'hui cette différence entre militants, résistants, mobilisés, et la masse. Je serais tenté de dire que les changements n'ont jamais été le fait de plus de 10 à 20% de personnes physiques, qui ont vraiment bougé, et que les autres suivent. C'est déjà faire preuve d'un certain optimisme."

 

"Je me considère depuis toujours comme socialiste - c'est-à-dire, selon le sens que je donne à ce terme, conscient de l'injustice sociale. Mais les socialiste doivent être stimulés. J'ai l'espoir de voir émerger une gauche courageuse, impertinente s'il le faut, qui puisse peser et défendre une vision et une conception des libertés des citoyens."

 

"L'intérêt du mot "écologie" est qu'il s'articule en problèmes très concrets, certainement plus facilement que l'engagement dans la lutte contre l'injustice. L'engagement de votre génération pour limiter la consommation excessive d'énergie et de ressources, c'est un des engagements concrets où l'on peut déjà agir par soi-même et avec des organisations constituées pour résister aux dérives automobiles, nucléaires, etc. On peut s'y engager individuellement ou collectivement, en donnant un sens très concret à ce contre quoi on lutte."

 

 

Qu'avez-vous envie de dire à ceux qui s'inquiètent de leur prochaine vieillesse et éventuelle dépendance ?

"Là encore, c'est une question de chance. Le corps et l'esprit tiennent bien ou non. Vous avez plusieurs façons de cultiver votre esprit pour qu'il reste apte à vous rendre heureux de vivre. Votre corps est précaire et fragile, vous pouvez vous casser une jambe ou attraper une grave maladie. Pour cela, vous ne pouvez rien d'autre que de consulter à temps un bon médecin. En revanche, vous pouvez cultiver votre esprit. Non seulement en l'appliquant à des problèmes qui vous intéressent, mais aussi, et tout particulièrement, en apprenant par cœur de la poésie. Pouvoir à tout instant, et sans autre provocation, me réciter un ou deux bons poèmes que j'aime et que je sais par cœur, c'est probablement de tous les privilèges que je me reconnais le plus intéressant pour moi. Le fait de les avoir appris par cœur et de m'exercer à les maintenir dans ma mémoire est un effort que je peux recommander à d'autres en leur garantissant que s'ils font cela, cela les aidera à bien vieillir."

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