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29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 21:59

Yi-Jing.jpg

 

 

On peut tenter de contrecarrer ce qui avait été prédit,

Prendre le risque de le vivre malgré ce qui en a été dit,

N'en faire qu'à sa tête car l'on préfère relever les défis,

Voire tout simplement parce que l'on était follement épris

Et que l'on refusait d'entendre qu'il devait en être ainsi :

« Certains chemins ne doivent en aucun cas être pris,

N'insistez pas, vous serez désagréablement surpris... »

 

 

Que certains desseins ne soient pas, sur le champ, saisis

Incite à la révolte, au chantage et au déni :

Mais pour qui se prennent-ils pour juger avec un tel mépris

Ce qui me semble convenir parfaitement à ma vie,

Cette âme, qu'en tout cœur et tripes, j'ai choisie ?

Et s'il me plaît, à moi, de vibrer d'émois à l'infini,

Même si l'on estime que je ne dois point en faire ma mie ?

 

 

« Et pourtant, vois la tournure que tout cela a pris, aujourd'hui... »

Dans certains cas, je vois en effet m'être fourvoyée, oui.

Je me suis entêtée, vous ai injuriés et maudits,

Allant jusqu'à vous menacer de mettre ma vie en sursis :

Si passé un certain temps, il me fallait encore boire jusqu'à la lie,

Ce serait au bout d'une corde que j'en aurais fini,

Et vous auriez pu vous asseoir sur ce qui avait été défini.

 

 

Je n'avais, décidément, absolument rien compris,

Malgré toutes ces années passées à avoir appris

Que, du hasard, nulle chose n'est le fruit.

Mais je ne prendrai désormais plus le parti

De tenter de rattraper ce qui, entre les doigts, me fuit.

Spectatrice, sans mot dire, j'en considérerai les bris,

Sachant qu'il ne pouvait en être autrement qu'ainsi...

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 12:20

Le-Billet---Auguste-Toulmouche.jpg

 

A little story, Lady. 
Chaque heure son feuillet.
A lire, en prime mesure,
Voire ouïr, s'ils vous inspirent.
S'agissant de vous ravir,
Dites si ce conté vous sied.
Si vous désireriez y glaner 
Prétextes plus nombreux à rire,
Rêver, s'émouvoir, défaillir...
Si, de nature encline aux muses,
Vous inclineriez davantage à sentir
L'imaginaire prendre chair ; sculpter
Ses étreintes au bord de vos lèvres.
Telles audaces à fleur de plume,
De quelle encre les vouloir trempées ?
Plus fougueuses ? Plus vertueuses ?
Briguant l'esquisse d'un chapitre

De mille intrigues, jonché,

Ou d'une seule réplique, transcrit ?

Que tendre idylle vous séduise

Plus qu'entre vos cuisses, ferveur ;

Qu'à l'inverse d'une romance

Vous rêviez que d'ardeurs l'on vous grise,

Confessez-le sans ambages

Puisqu' il importe de vous faire plaisir.

 

 

(Tableau : Le Billet, de Auguste Toulmouche)

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25 septembre 2009 5 25 /09 /septembre /2009 20:27

Penchée sur ses notes, Mahsa peinait à se concentrer, en cette matinée d'été de l'année 1498. La touffeur de l'air... Cette humidité, dont le voile spectral enveloppait fréquemment la lagune, en cette saison, la rendant mélancolique... Ce rêve dont elle se souvenait par bribes... Pour la troisième fois, elle parcourut la liste des herbes nécessaires à la concoction de l'onguent. Quatre cent cinquante grammes d'achillée, deux cent vingt grammes d'inule, cent grammes de sauge... Elle saisit l'un des bocaux disposés sur l'étagère murale, en ôta le couvercle, s'empara ensuite d'une des deux balances qui trônaient sur le bureau, puis plaça celle-ci près du récipient. Le bout de ses doigts posés sur les bords de ce dernier, son regard en fixa le contenu.

"Suivez-moi... ", s'entendit-elle alors murmurer.

Un rire accueillit son invitation, puis se brisa aussitôt dans un soupir.

L'instant d'après, un souffle frôla le lobe de son oreille gauche.

"Si seulement je pouvais vous atteindre... ", chuchota-t-il.

Elle sentit une main effleurer sa hanche, s'y attarder un peu, comme hésitante...

Au creux de sa nuque, l'esquisse d'un baiser tout en retenue.

Basculant la tête vers l'arrière, elle ferma les yeux.

Lorsque le souffle s'insinua une nouvelle fois au creux de son oreille, elle se raidit pour réprimer le frisson qui la parcourait.

"Si seulement je pouvais vous atteindre... ", insista-t-il.

Lentement, la main quitta sa hanche, remonta le long de son flanc, puis s'aventura jusqu'à son ventre, contre lequel elle accentua sa pression.

Immédiatement, Mahsa repoussa celle-ci et se déroba, déclenchant un éclat de rire, qui la fit blêmir. Se retournant pour en avoir le coeur net, elle vit alors une ombre se précipiter, dans un froissement d'étoffes, vers une porte située plus loin. Une fois parvenue devant celle-ci, l'ombre se retourna à son tour, mais impossible d'en distinguer les traits, à cette distance, aussi Mahsa entreprit-elle d'avancer sur ses traces.

Lorsqu'elle n'en fut plus qu'à quelques mètres, ce qu'elle devina la laissa interdite.

"Sansarina... ?", réussit-elle à articuler, au bout de quelques secondes.

"Cela vous surprend-il réellement... ? ", lui répondit la jeune femme.

Sur ces mots, elle esquissa une révérence, fit volte-face et disparut dans l'obscurité de la pièce attenante. A l'instant où Mahsa s'apprêtait également à en franchir le seuil pour se lancer à sa poursuite, la porte se referma.

En reprenant ses esprits, elle s'aperçut alors avoir renversé le bocal, dont le contenu s'était éparpillé sur le bureau.


@Myrddhin (texte sous copyright)

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20 mai 2008 2 20 /05 /mai /2008 15:59


Léger baiser au creux de votre cou ; que je respire la douceur de votre présence au chevet de mon âme, vous dont je contemple le sourire s'offrir dans l'embrasure de votre monde, à chaque rendez-vous.
Ces ailes que vous me tendez, j'aimerais vous les tendre aussi, bien qu'il vous soit impossible d'être mon amie...

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18 mars 2007 7 18 /03 /mars /2007 18:53


De cendres l’antique ère et d’ores Essence éclôt.
Scellé le cycle ; nouveaux Règne et Sève forgés
Dans l’airain tel, qu’à dessein, Nature Ordonnance.

Eployée, plume jaillissante ; des vestiges aqueux,
Semences consacrées du Cœur transfiguré,
S’extirper sans rancœur et rendre grâce au Prodige.

Avant que s’égrènent, boit vaillamment le Calice
Et gravit, pas à pas, les marches du Temple Sacré
Jusqu’au crépuscule de l’Oeuvre… Puis Renaître !


@Myrddhin

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27 janvier 2007 6 27 /01 /janvier /2007 21:12

« Ecopez  !!! Cette garce va nous faire chavirer !!! »
« Nous nous y efforçons, capitaine !!! Mais les brèches… »
« Attention !!! »
Une vague plus monstrueuse que les précédentes gifla le pont, catapultant quelques malheureux matelots par-dessus bord. Agrippé à la barre, le capitaine s’efforçait de maintenir le cap, malgré tout. Si le grand mât, qui émettait de sinistres gémissements sous le joug des rafales marines, venait à céder, ils étaient perdus, le beaupré et le mât d’artimon ayant déjà rompu. Pas assez de nourriture, pas assez d’eau pour espérer regagner une berge en souquant, plusieurs milles les séparant de la terre la plus proche… Si encore la coque tenait jusque là…
« Capitaine !!! Une autre brèche à tribord !!! »
Il serra les dents et maugréa.
« Qu’est-ce que je t’ai fait, foutue salope, pour que tu t’acharnes ainsi contre moi ?! »
En guise de réponse, il reçut une violente gerbe d’eau salée qui le glaça et le laissa sans voix.
« L’eau s’infiltre dans les cales !!! » lui hurla un mousse en s’accrochant au bastingage.
Le vaisseau plongea alors brutalement en avant, projetant certains hommes affairés au pliage des voiles contre le gaillard, puis la proue refit surface, déversant des trombes d’eau sur le pont supérieur.
« Où est le capitaine en second ?!!! »
« Dans les cales ! »
« Ramenez-le moi immédiatement !!! »
« A vos ordres ! »
Quelques minutes plus tard, l’officier rejoignit le capitaine sur la dunette.
« Comment ça se présente, en bas ?! »
« Mal… Nous ne tiendrons plus longtemps… Il faudrait que cette tempête cesse sur le champ si nous voulons avoir un espoir de nous en sortir… »
« Et les matelots ?! »
« Ils sont extenués et commencent à paniquer… »
« Quelle bande de mauviettes !! Je me demande ce qui m’a pris de recruter cette armada de bons à rien !!! » jura le commandant.
Son second l’observa du coin de l’œil.
« Certains d’entre eux font circuler une rumeur, capitaine… »
« Une rumeur ?!!! Quelle rumeur ?!!! »
L’officier garda un moment le silence sous le regard interrogateur et furieux de son supérieur, puis finit par se décider à parler.
« D’aucuns prétendent que cette tempête ne serait pas le fruit du hasard… »
« Comment ça, pas le fruit du hasard ?!!! Expliquez-vous, nom d’un chien !!! »
« J’y viens, j’y viens, mon commandant… Sachez que c’est un peu difficile à annoncer pour quelqu’un qui vient tout juste d’intégrer votre flotte, et vous estime, comme moi… Disons, pour vous résumer la chose, que les marins pensent que la mer est en colère… que cette colère a une cause et… »
« Et quoi, à la fin ?!!! »
L’officier se racla la gorge avant de poursuivre.
« Et… que cette cause ce serait vous, capitaine... » acheva-t-il dans un souffle.
Le maître du navire prit un air interloqué.
« Moi ?!!! Mais qu’est-ce que c’est que ces sornettes ?!!! »
« Je ne fais que vous rapporter ce que colportent… »
« Et vous y croyez, vous ?!!! C’est ridicule !!! »
« Si vous me permettez, ils racontent une anecdote pour étayer leurs propos… »
« Allons bon !!! De quoi s’agit-il encore ?!!! Ces crétins ont trop d’imagination !!! Il va falloir que je surveille de plus près leur consommation de rhum !!! »
L’officier se racla de nouveau la gorge en le regardant.
« Vous n’êtes pas sans savoir que certains membres de cet équipage ont déjà navigué avec vous… »
« En effet, et alors ?!!! »
« Eh bien ces marins affirment que vous auriez commis un crime, lors d’une expédition, il y a un an… »
Le commandant ne dit mot, interdit. Son second prit donc l’initiative de continuer le récit tout en scrutant les expressions de son visage au fur et à mesure de l’histoire.
« Ils disent qu’une sirène aurait nagé à proximité de votre vaisseau, un jour, essayant d’ensorceler certains d’entre vous de son chant… que vous l’auriez faite harponner puis hisser à bord, alors qu’elle était encore vivante… sous l’emprise de l’alcool, la nuit tombée, vous lui auriez fait subir les pires supplices, en compagnie de certains hommes… puis vous l’auriez éventrée, suspendue au dessus de l’eau, et laissée se vider… vous ne l’auriez rejetée à la mer qu’au bout de plusieurs jours, une fois sa carcasse puante brûlée par le soleil… »
Il attendit quelques instants avant de poser sa question, accordant un peu de répit au capitaine qui semblait préoccupé et plongé dans ses souvenirs, puis se lança.
« Est-ce là la vérité, mon commandant… ? Est-ce que… »
« Silence !!! »
Le capitaine tourna brusquement la tête dans sa direction et le toisa avec mépris.
« Quand je pense que vous croyez à toutes ces foutaises… quoi qu'il en soit, cela ne vous regarde pas !!! »
Stupéfait, l’officier essuya l’attaque sans broncher puis osa redemander une confirmation des dires des matelots au commandant qui refusa encore de lui répondre et le repoussa, d’un geste brusque, contre la poupe du vaisseau.
La consternation du second se muant progressivement en une rage noire qui finit par le submerger, il franchit alors résolument le mètre qui le séparait de son supérieur, empoigna vigoureusement son col et le projeta violemment en bas de la dunette. Le capitaine n’eut pas le temps de se relever qu’il se ruait déjà de nouveau sur lui, s’emparant de sa chevelure pour aller fracasser son visage contre le bastingage, sous les yeux ébahis des quelques marins qui n’intervinrent pas.
« Cela ne me regarde pas ?!!!!!! » rugit l’officier avec fureur « Nous allons chavirer par votre faute, et cela ne me regarde pas ?!!!!!! Dîtes-moi pourquoi vous avez refusé toutes les missions depuis cette histoire de sirène, jusqu’à maintenant ?!!!!!! Ne craigniez-vous pas ce qui se passe aujourd’hui, monsieur le commandant en chef ?!!!!!! Oh mais que si !!!!!! Vous y avez bien songé !!!!!! Seulement vous avez osé croire qu’une année suffirait à laver l’affront, n’est-ce pas ?!!!!!! Répondez !!!!!!! »
Le nez fracturé et la bouche ensanglantée, le capitaine parvint à peine à articuler.
« Ce ne sont que des sornettes… de telles choses ne peuvent exister… »
« Bien sûr qu’elles peuvent exister !!!!!! Je les crois, moi, ces superstitions de marin, monsieur !!!!!! Et je vais vous dire !!!!!! Ni moi, ni aucun homme présent ici n’a l’intention d’aller par le fond à causes de ces « sornettes », comme vous les appelez !!!!!! »
Joignant le geste à la parole, il écrasa, à plusieurs reprises, son poing sur le masque tuméfié du commandant qui n’eut pas même la force de riposter, le saisit de nouveau par les cheveux, l’incitant à le suivre mi rampant, mi trébuchant jusqu’à la coupée puis, le redressant d’un énergique coup de rein, il lui administra un terrible crochet qui le fit chanceler en arrière et basculer par-dessus bord.
Aussitôt, l'officier put distinguer une nuée de créatures se précipiter sur le corps naufragé du malheureux puis, subitement, le vent tomba, les vagues diminuèrent, et tout redevint calme.


@Myrddhin

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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 13:36

Hurle, trépigne et frissonne la précieuse, sous la griffe,
Lutte, s’affole et pleurniche la charmante, sous le joug,
Burlesque fantoche aux pupilles délirantes d’effroi
Rivées sur le croc démoniaque de l’hydre hérissée
D’amertume et de rage au-dessus de sa gorge tremblante.
 

Bave, tressaille et renâcle la fielleuse, sur sa proie,
Piaffe, fulmine et persifle l’infernale, sur sa reine,
Le souffle fébrile et flétri de relents vénéneux,
Quand flattait la cambrure insolente d’un rein
Et baisait tendrement l’élégante mâtine, jadis.
 

Dans quel état te voilà, pauvre muse…
Tu as chuté du piédestal et ton diadème est aux orties.
L’on ne voit plus cette arrogance sur ton sourire,
Mais un rictus hagard, craintif et larmoyant, qui flotte
Entre deux spasmes en devisant avec à une ombre.
 

L’étau resserre son étreinte, briguant une ultime faveur,
Ton cœur étouffe sous la tourmente, suant de mille sanglots.
Et flamboie l’œil du monstre, et gronde l’ire de l’hydre
Sur cette bouche candide clamant une vieille prière…
Invoque, jure et prie, si tu le souhaites, mais c’est folie !
 

Tu crois entendre un dieu bondir à ton secours sur le champ,
La foudre vindicative d’une armada d’anges blonds,
Mais rien ne vient à ta rescousse et tu paniques tout de bon.
Pourtant la griffe se retire et l’hydre délaisse sa proie,
Estimant cette anecdote indigne de son chagrin.


@Myrddhin

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18 décembre 2006 1 18 /12 /décembre /2006 15:58

« Diminution de la pression et ouverture des valves dans 2 minutes ! »

« Surveillez le moniteur ! »

« Branchement oxygénation effectué ! Le sujet se débat ! »
« Tachycardie ! Hyperthermie ! Hyperactivité synaptique ! »
« Mais pronostic vital non engagé ! »

« Bien… Tout se passe donc normalement… »
« Mmm… »
« Que se passe-t-il ? Tu as l’air soucieux. »
« Vous n’avez jamais remarqué… ? Chaque fois c’est la même chose ; ces créatures se débattent comme si elles savaient d’instinct ce qui les attend… »
« Effectivement… Mais qu’importe, on ne leur demande pas leur avis. Tout comme l’on ne m’a pas demandé le mien…»
« Mmm… Je me demande… »
« Oh, je t’en prie ! Tu ne vas pas repartir dans tes considérations philosophiques ! Encodez l’information dans le cortex préfrontal ! »

« Processus initialisé ! »
« Encodage activé ! »
« Assimilation en cours ! Sauvegarde enclenchée ! » (N’éteignez pas votre console… ;) )
« Encodage terminé ! Pas de signes de saturation ! »

« Excellent. Procédez maintenant à la conversion et activez le vortex ! En espérant que ça tiendra… »

 « Sujet en phase de conversion moléculaire ! »
« Molécules en suspension ! Pas de ruptures des interactions ! Prêtes pour le transfert ! »
« Vortex énergétiquement stable ! Aucune fissure spatio-temporelle à signaler ! »

« Parfait… Nous allons enfin voir si cette créature nous donnera les résultats que nous attendons… »
« Vous semblez croire que celle-ci parviendra à se démarquer des autres… »
« Je l’espère en tout cas…»
« Sans quoi elle risquerait de dépérir de tristesse et de finir dépressive… Comme tant d’autres… »
« Exact. Transférez !! »
« Mais je me suis toujours posé la question… »
« Quoi donc, encore ?! »
« Vous créez ces créatures dans le but de vérifier si elles prendront conscience, de façon pour ainsi dire innée, de l’existence de leur créateur ce qui, si c’est le cas et selon votre raisonnement, leur permettra de donner un sens à leur existence – leur récompense – et leur évitera, ainsi, de se débattre dans les affres du doute pour le restant de leur misérable vie mais… »

« Effectivement. Il suffit que la zone corticale concernée soit activée une seule fois pour que leur vie s’en trouve transformée en guise de récompense, raison pour laquelle je fais insérer l’information concernant mon existence dans leur cortex préfrontal, cette zone ayant de nombreuses connections avec d’autres zones responsables du contrôle de neurotransmetteurs importants pour la régulation de l’humeur. Ce qui veut dire, schématiquement, que chaque fois qu’elles penseront à moi, la zone s’activera et permettra la libération de certains neurotransmetteurs à même de leur procurer sensations plaisantes et bien-être. Ensuite, l’accoutumance venant vite, elles ne pourront s’empêcher de penser à quelque chose qui leur procure autant de plaisir. Sans compter le fait que, ayant pris conscience de mon existence, elles sauront qu’elles m’appartiennent, en un sens, et auront tendance alors à diriger leur vie en fonction de cette prise de conscience, ce qui donne un sens à leur existence au final… Après, peu m’importe les intentions qu’elles me prêteront pourvu qu’elles se souviennent de ma propre existence. A l’inverse, s’il s’avérait qu’elles en viennent à refuser ou ignorer la réalité de mon existence, la libération des neurotransmetteurs étant considérablement inhibée par l’inactivation de la zone, elles finiront par sombrer dans la dépression et le désespoir. Désespoir accentué par l’absurdité de leur vie. »

« C’est de la manipulation… »

« Ecoute, mon petit. Ces créatures ne m’ont pas vraiment laissé le choix. Pendant quelques millénaires, je n’ai pas eu à user de ce type de subterfuge pour me rappeler à leur conscience parce que la majorité d’entre elles, en ces temps anciens, me vouait encore un culte, érigeait des monuments en mon honneur et entretenait sa foi, ce qui me comblait de joie et m’amusait follement. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Elles sont conditionnées, dès leur naissance, avec un seul objectif : produire pour consommer et s’enrichir. Grâce à qui ?! A moi ! Car c’est moi qui leur insuffle la vie ! Et je devrais accepter qu’elles existent sans même penser à me remercier par le biais ne serait-ce que d’une pensée, moi, la source de leur existence ?! »

« Et de leurs maux… car la majorité de ces créatures n’est pas heureuse, vous le savez parfaitement. Elles naissent dans la souffrance, grandissent en étudiant pour assurer leur pitance à venir, s’éreintent des heures entières à accomplir des tâches qui, pour la plupart, ne les satisfont pas, puis s’enivrent, lors des instants de répit dont elles disposent, de distractions pour tenter d’oublier l’absurdité de leur condition. Elles pataugent toutes dans la boue des épreuves puis finissent par se désagréger avec le temps sans que rien ne subsiste de leur amas de chair. Même celles qui pourraient se souvenir de votre existence se berceraient d’illusion en imaginant pouvoir vous retrouver par delà leur mort… »

« Mieux vaut se bercer d’illusions plutôt qu’errer dans le doute, non ? Je pourrais ne leur laisser aucune alternative en ne leur donnant pas la possibilité d’enjoliver leur quotidien par l’activation de cette zone, si je le voulais. Je pourrais me venger de leur ingratitude de cette façon mais non, ce n’est pas le cas. »

« Vous voulez me faire croire que vous agissez là par pure compassion alors qu’il suffirait de mettre un terme à tout cela en cessant simplement de les créer ? »

« Cesser de les créer ?! Et que fais-tu du sens de ma propre existence ?! »


@Myrddhin

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